IL EST PAISIBLE,
MOI AUSSI
Il est paisible, moi aussi.
Il sirote un thé citron
je bois un café,
c'est ce qui nous distingue.
Comme moi, il est vêtu d'une chemise rayée
trop grande.
Comme lui, je parcours les journaux du soir.
Il ne me surprend pas quand je l'observe de biais.
Je ne le surprends pas quand il m'observe de biais.
Il est paisible, moi aussi.
Il parle au serveur.
Je parle au serveur...
Un chat noir passe entre nous.
Je caresse la fourrure de sa nuit,
il caresse la fourrure de sa nuit...
Je ne lui dis pas : Le ciel est limpide aujourd'hui,
plus bleu.
Il ne me dit pas : Le ciel est limpide aujourd'hui.
Il est vu et il voit.
Je suis vu et je vois.
Je déplace la jambe gauche,
il déplace la droite.
Je fredonne une chanson,
il fredonne un air proche.
Je me dis :
Est-il le miroir dans lequel je me vois?
Puis je cherche son regard,
mais il n'est plus là...
Je quitte précipitamment le café,
et je me dis : C'est peut-être un assassin
ou peut-être un passant qui m'a pris
pour un assassin.
Il a peur, moi aussi.
Pour cette reprise des 18h18 de l'APRES à la Cantine du Salin, on se serrait les uns contre les autres.Tout le monde n'est malheureusement pas rentré dans une Cantine trop exigüe pour l'occasion... Comme une sorte de préambule à la manif du lendemain! Mais l'émotion imposa tout de suite le silence pour laisser, suspendues, les voix de Soleïma Arabi, Samir Arabi et le oud de Thierry Di Filippo.
Si tu n'es pas pluie, mon amour,
Sois arbre
Fécond... Sois arbre.
Et si tu n'es pas arbre, mon amour,
Sois pierre
Humide... Sois pierre.
Et si tu n'es pas pierre, mon amour,
Sois lune
Dans le songe de l'aimée... Sois lune.
Ainsi parla une femme
A son fils qu'on enterrait.
Tantôt en Français, tantôt en Arabe, parfois les deux subtilement et musicalement mêlées, les voix de Soleïma et de Samir répondirent au oud de Thierry.
Véritable spectacle, où se fit sentir toute la complicité des protagonistes, dans lequel la finesse du jeu et des sonorités de l'instrument épousait, enveloppait le poids des mots forts de Dawich.
Ici, sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l'ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l'espoir.