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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 17:09

NH 3 1

 

Alors, là! Depuis que l'APRES a posé rêves, projets, réalisations et... difficultés à la "Cantine du Salin", nous n'avions vécu une soirée similaire. Une des plus belle. Proposée par la revue NH3.
Des mots malaxés, posés, jetés, soufflés avec la force du vécu, de l'histoire, du senti -et ressenti- de ce collectif d'anciens de l'APC, ONIA, Tolochimie... et d'AZF dont l'ombre planait.
Ce fut un réel moment d'émotion, de bonheur comme quand les mots vous rattrapent pour vous rappeler que la poésie peut trouver sa place là où on ne l'attend pas nécessairement. Et ce fut là aussi un des aspects attachant de la discussion qui suivit les lectures.

Les absents on eu tort... Mais quelque chose nous dit que le plaisir partagé fut tel entre NH3 et l'APRES, qu'il se pourrait fort, qu'un jour, une session poétique de rattrapage soit organisée...

NH 3 3

GARONNE,

je buvais encore entre tes cuisses quand l'usine explosa,
quand l'été nous couchait l'un contre l'autre,jaunissait la terre
et enroulait nos corps comme des épis.

je venais vers toi,
tes cheveux que la vigne tressait à la façon des épines,
je regardais vers toi,
vers les décombres du ciel,où les dieux roux de septembre sirotaient notre sang.

nous étions comme retournés à la poussière,
ce jour où le jour vira soudain au rouge
et creusa notre tombe mauve et grise,
cette heure au creux de nos mains
qui ne prononça pas son nom.
Cette heure, 10h 17,
nous l'avons tous bue.
Dix heures dix sept
quand le ciel planta l'épée, brûla nos coeurs,
et que s'ouvrit la terre de Garonne.

L'usine nous abreuva de ferrailles jusqu'aux cieux
et, sous ta chemise, la tour fut jetée par terre.
A terre, enlacés, la bouche et le coeur, l'oeil et la cendre.

j'ai déposé un baiser entre l'été et l'automne
mais le coeur a roulé du corps
avec son cortège d'adieux.
J'ai laissé ma voix aux portes de la ville
mais il était trop tard pour être consolé.
Garonne grondait au dessus de nos têtes
et roulait plus lourde au fil du sang.

O Garonne,
le long de ta rive, les ombres nourrissent les arbres,
les têtes tranchées tournoient au ciel
et l'oeil est dans le coeur de la lune:
les plaisirs frémissent dans les éclats de verre.
O Garonne,
l'automne est venu, tes galets se sont vidés.

                                                                          septembre 2001               Serge Baggi

NH 3 4

 LE MUR
Autour du silence
Le mur de pierres crie
Habillés en gris
Mannequins mesquins
Tellement haut ce mur
Il frôle les nuages
Suintant la folie
Mes doigts s'agrippent
Sur les pierres grises
Cherchant la fuite
Au-delà du mur
Porte du destin
Le silence obsède
La question larvée
Ma langue lèche
Les pierres noires
Habits d'apôtres
Sortir du silence
Friuits des ténèbres
Sortir et fuir
Ce mur cercueil
REFRAIN
ABATTRE CE MUR
QUI ME HANTE
ABATTRE CE MUR
QUI M'EPOUVANTE

                                                                                                 Gilbert Grygiel



NH 3 6



              
Afrique

Tard dans la nuit, la chaleur épaisse m'enveloppe,
comme une coquille se referme sur moi.
Les nuits sont très sombres en Afrique, l'éclairage absent.
Les hommes là-bas portent la nuit sur leur peau.
 Le jour détourne l'attention par ses cris, ses couleurs.


La nuit, un moi étrange sort de l'ombre.










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